Justice d'hier et d'aujourd'hui
Le centre de détention de Saint-Martin de Ré fut évoqué dans mon dernier billet. Un commentaire de Scheiro réclama plus d’informations sur ce pénitencier.
Dans le passé, la justice enserrait dans ses mailles les individus qui enfreignaient les lois.
- Dès 1685, les premiers captifs de la citadelle de Vauban furent les protestants qui refusaient d’abjurer leur religion après la Révocation de l'Edit de Nantes.
- Dès lors, la forteresse servit surtout de prison politique. Des royalistes, des jacobins, des girondins, des conscrits réfractaires, des républicains, des napoléoniens et même des communards se morfondirent dans ses cachots humides. Ils laissèrent des inscriptions gravées sur ses murs épais.
Les détenus souffraient souvent de tuberculose et de maladies vénériennes. Dans les ateliers, ils devaient fabriquer des émouchettes pour les chevaux de l'armée, des sacs en papier ou en toile, de l’étoupe, des camails, des chaussons ...
- Au début du Second Empire, les bagnards furent envoyés dans des colonies.
Après 1873, ils embarquaient à Saint-Martin de Ré pour être incarcérés en Guyane. Quelques-uns partaient pour la Nouvelle-Calédonie.
- Les transportés, condamnés en assises à moins de huit ans de prison, subissaient le " doublage " : leur incarcération et leur exil dans la colonie avaient la même durée. Les condamnés restaient définitivement dans la colonie si leur peine était plus lourde.
- Les relégués ou récidivistes devaient aussi finir leurs jours en Guyane. Ils avaient souvent commis des délits mineurs : vol, escroquerie, vagabondage ou mendicité.
- Les déportés politiques étaient sanctionnés pour complot, espionnage, trahison, désertion ou faux-monnayage. Dreyfus, les compagnons de Bonnot, Duez, Seznec séjournèrent à Saint-Martin de Ré avant de partir au bagne.
- Après la Seconde Guerre mondiale, la prison posséda des intérieurs de type coursive et des cellules étroites. Actuellement les détenus font de la confection et des filets dans l’atelier.
Visiblement les mailles du filet de la justice actuelle ne semblent pas les mêmes pour tous les citoyens !
Elles sont bien « lâches » pour les personnes impliquées dans le scandale des HLM de Paris des années 1980-90.
Jacques Chirac, maire de Paris de 1977 à 1995, avait été inquiet et même « inquiété » : la justice pensait que les sommes versées par les entreprises à l'office HLM de Paris (OPAC) avaient servi au financement occulte du RPR, devenu depuis l'UMP.
Et bien la justice fonctionne parfois « bizarrement » !
- Les hommes politiques échappèrent au prétoire grâce aux vices de forme et aux annulations de procédure. Robert Pandraud, Jean Tiberi, Michel Roussin peuvent dormir tranquilles !
- Les chefs d'entreprise, les intermédiaires et les responsables des HLM de Paris, impliqués dans le réseau de corruption, ne reçurent que des peines de « voleurs de pommes » : amendes ou peines de prison avec sursis …
"Le tribunal a tenu à ne pas faire peser la responsabilité pénale trop lourdement sur ceux qui comparaissaient et a tenu compte d'un certain nombre d'absences et du temps écoulé" affirme Jean-Marc Fedida, l’avocat de François Ciolina.
"L'usure du temps a passé et la tentation est évidemment de tourner la page" ajoute-t-il !
Finalement, de nos jours, les détournements de millions ne mènent plus au bagne mais au pouvoir !
13 Comments:
Merci IK pour ce post très intéressant sur le CD de St Martin.
Très bonne mise en perspective de l'hitoire de cette prison sur plus de 4 siècles.
J'avais lu, à sa sortie, le bouquin de la vie romancée d'Henri Charrière et j'ai retrouvé l'extrait que tu as mis en lien avec plaisir.
Il y a donc encore qqs détenus sur l'île. J'avais entendu dire que ce centre devait fermer. Les vieilles prisons ont plus de chamrme que les prisons Chalandon et la détentiony est parfois moins pénible que dans les prison modernes.
Je repasserai commenter sur les HLM : des prisons d'un autre genre ;-)
Merci Scheiro.
Je ne sais pas si le CD doit fermer.
Lors d’une interview télévisée, un ancien compagnon de bagne d’Yves Charrière affirma que l’auteur du livre avait purgé sa peine et ne s’était pas évadé.
L'aspect autobiographique du récit fut contesté.
Le véritable Papillon serait Charles Brunier (1901, encore vivant en fin 2005).
Ce bagnard, en captivité avec Y. Charrière, a vécu 15 ans sur l'île du Diable, en Guyane.
http://gmarchal.free.fr/Le%20Bagne%20de%20Guyane/Ile%20du%20Diable.htm
Un billet m’a intéressée même s’il ne constitue en aucune manière une preuve ...
http://www.radiocaraibes.com/mailto.asp?type=courrier&article=1611&smenu=1
@Sheiro
Il n'y a pas que les HLM; il y a aussi les chambres de bonnes des immeubles haussmaniens.
Grave sujet que voilà : Il y a aussi toutes ces prisons que l’on se fabrique de toutes pièces, quand l’esprit n’as plus comme ambition que d’amasser des biens matériels. Bon, ce n’est peut-être pas exactement le sujet.
Bonjour Adjaya.
Ta visite me fait vraiment plaisir. J’ai souvent admiré les photos de ton blog.
Effectivement, les individus qui ne vivent que pour amasser des biens matériels s’enferment dans de sordides prisons mentales.
L’homme ne peut conjuguer le verbe « avoir » sans « être » ...
j'ai visité le bagne de l'île des pins, en nouvelle calédonie...
l'île est magnifique mais le bagne est l'un des plus horrible que je connaisse, d'un glauque extreme.
En plus les bagnards se sont tués (littérallement) à creuser un canal depuis les collines surchauffées du centre de l'île, un ouvrage gigantesque aujourd'hui utilisé par... 1 habitant kanak : le guide touristique
j'imagine qu'en guyane ça devait pas être jolie-jolie non plus, finallement, il vallait mieux rester à St Martin !
YB : il y a aussi Tazmamart ;-)
Les militaires de Tazmamart Cinquante huit militaires qui avaient participé à un attentat contre le roi [Hassan II] et qui avaient été jugés et condamnés, pour la plupart, à des peines allant de 3 ans à 10 ans de prison, ont été transférés de la prison centrale de Kénitra au centre secret de Tazmamart, dans les contreforts de l'atlas. Ce centre avait été spécialement construit pour eux. Les cinquante huit cellules n'avaient ni fenêtre, ni éclairage, suffocantes l'été et glaciales l'hiver. Pendant 18 ans, ils ne sont jamais sortis de leurs cellules, n'ont jamais vu le soleil et n'ont jamais reçu aucun soin médical. Deux ans après leur arrivée à Tazmamart, deux d'entre eux terminèrent de purger leur peine. Voyant qu'ils n'étaient pas libérés, comme ils s'y attendaient, l'un d'eux se plaignit au gardien : "Tu en avais pour combien ?" il répondit "Trois ans". Le gardien rétorque : "Ne dis pas trois ans, dis la perpétuité". Vingt huit prisonniers moururent à Tazmamart. Seuls trente d'entre eux furent libérés en 1991.
Je fais confiance à la justice de mon pays, elle est clémente pour les RMfumistes et les vieillards : "Face à des bancs garnis de retraités ou chômeurs, la justice est aussi dure dans les principes que douce dans les modalités. Pour le parquet, «il y a un pacte républicain, on y adhère ou pas; si on veut vivre dans une République bananière, on continue». Mais sans pouvoir prouver qu'il s'agissait de «financer le RPR». Le jugement parle de «pacte de corruption», d'une «atteinte grave à l'autorité de l'Etat et à la probité de l'administration».
@ Mikkado
Les bagnes existent toujours.
J’ai effectivement entendu parler des horreurs du bagne de Tazmamart.
Les visiteurs trouveront plus d’informations sur le lien suivant :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2005/04/12/print-2-21674.php
@ Raf
On envoyait les forçats au bagne le « l'île de Nou », les déportés en enceinte fortifiée sur la « presqu'île de Ducos » et les simples déportés sur « l'île des Pins ».
Un lien peut présenter le bagne au visiteur :
http://www.infocaledonie.com/crbst_42.html
Raf, si tu possèdes des documents personnels, n’hésite pas à rédiger un billet sur ton blog.
@ Scheiro
- En tant qu’enseignante d’éducation civique, je « dois faire confiance » à la justice de mon pays ...
A ce propos, mes élèves et moi, nous avons assisté à des séances de tribunal correctionnel.
Je félicite le président de ces séances, qui est une personne intelligente et humaine.
- Le scandale des HLM de Paris des années 1980-90 est effectivement une «atteinte grave à l'autorité de l'Etat et à la probité de l'administration».
Renaud LECADRE ajoute : « L'office HLM va recevoir 100 000 euros de dommages et intérêts, une goutte d'eau dans l'océan des travaux surfacturés. »
eh bien, le bagne de l'île des pins m'a paru bien plus cruel en écoutant le guide qu'en lisant l'article...
il a dut en rajouter un peu le saligaud !
Le bagne, ...un mot difficile à entendre, beaucoup plus que prison, ...des images du film Papillon me reviennent à l'esprit, avec le magnifique S. Mc Queen.
Une justice à 2 vitesses, ....l'argent corrompt bien des systèmes, droite/gauche, pour moi c'est idem, il y a des verreux dans chaque camp.
@ Myblogforyou
Le bagne impose une captivité bien plus dure.
Le film "Papillon" relate l’évasion contestée d’Yves Charrière.
Des scandales ont effectivement touché plusieurs partis ces dernières années.
Les peines légères, qui ont « sanctionné » le scandale des HLM, m’ont vraiment mise en colère !
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